#263 Philippe MARTIN : CEO et 40 Ironman

“Tout est possible, ce n’est qu’une question de gestion de son temps” – Philippe MARTIN

Si je vous dis qu’il est possible de faire plus de 40 full IRONMAN tout en étant père de famille et CEO d’une boite de 2000 personnes dans un grand groupe, certains se demanderont où est l’arnaque 😏.

Vous imaginiez les hauts dirigeants d’entreprise en surpoids avec un gros cigare à la main ? C’est heureusement une vision du leadership qui a tendance à disparaitre.

On est revenus sur le parcours incroyable de Philippe Martin. Si vous vous sentez parfois à court de temps pour caser vos entrainements ou que la motivation vous manque, vous devez absolument écouter cet échange ! 🤯

Et pour ceux qui chercheraient encore le truc, sachez qu’il s’est même qualifié 2 fois pour Hawaï ! 💪

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Bonne écoute! 🎧

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Ce podcast, co-animé par Olivier DE SCHUTTER et Ermanno DI MICELI, est proposé par OHANA Triathlon, et vous accompagne dans votre démarche pour Devenir Triathlète !

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📝 Retranscription de l’épisode

Ermanno : Salut les sportifs c’est Ermanno et je suis très heureux de vous retrouver pour la saison 2 du podcast Devenir Triathlète, pour co-animer cet épisode et bien Olivier De Schutter, le fondateur de la marque est toujours à mes côtés et le sera toujours sur ce podcast. Salut Olivier !

Olivier : Salut Ermanno, ça fait un an et on garde toujours la patate !

Ermanno : C’est ça exactement, c’est toujours un plaisir d’enregistrer avec toi, même si on est en visio, ça met un peu de soleil dans mon quotidien. Et puis et bien pour ouvrir cette saison 2 nous vous avons choisi un bel invité, lui aussi nous ramène un peu de soleil parce que j’ai entendu un petit peu d’accent quand on était en train de préparer cet épisode. Bref, arrêtons là le suspense, nous recevons Philippe Martin. Bonjour Philippe !

Philippe : Bonjour, bonjour à tous.

Ermanno : J’ai vu passer un de tes post un Linkedin et je me suis dit « ça se serait l’invité idéal pour venir parler de lui de son expérience du triathlon mais aussi de sa carrière » parce que tu vas nous dire tout ça je pense, que tu as un emploi du temps professionnel bien chargé. Mais déjà ce que je te propose c’est de te présenter : qui es-tu que, fais-tu dans la vie, si tu veux aborder ce sujet quel âge as-tu et on va en rester là pour les mensurations on va pas aller plus loin. Et puis ton parcours, tes débuts dans le sport, comment est-ce que tu as rencontré le triathlon… Ça fait beaucoup de questions mais on va essayer de te guider sur tout ça. 

Philippe : Je vais commencer déjà par l’histoire du poste puisque j’ai beaucoup hésité. En fait Linkedin est un réseau professionnel, c’est un peu traditionnel et pas vraiment axé parfois sur le sport et surtout par rapport au métier que je fais. Ce n’était pas un poste pour la performance c’était plus un poste pour essayer de lier l’environnement professionnel et l’environnement sportif et la démarche un petit peu intellectuelle que l’on fait quand on fait ce type de sport et ce type de job quoi. C’était ça l’objectif, sans aucune prétention je dirais de performance, c’était un peu pour poser le décor on va dire. 

Olivier : Ce sont quand même deux choses qui se nourrissent vachement, la carrière professionnelle surtout à haut niveau et puis le sport de haut niveau aussi entre guillemets, puisqu’à partir du moment où on est sur les triathlons longue distance de type Ironman en général c’est assez conséquent en termes de préparation.

Philippe : Tout à fait. Donc voilà je m’appelle Philippe Martin, j’ai 56 ans, j’ai 2 enfants qui sont grands : un fils et une fille. Je suis je suis en couple avec mon épouse depuis 33 ans, on en parlera tout à l’heure elle fait partie un peu de mon histoire à la fois sportive et professionnelle. Je suis directeur général d’une division du groupe aéronautique Safran l’un des plus gros groupes mondiaux aéronautique. Et voilà donc je suis dans une division qui produit des équipements de conditionnement d’air pour l’aéronautique, c’est plus de 1000 personnes, plus de 200 millions d’euros de chiffre d’affaires et je suis basé à Toulouse depuis 1 an. J’ai commencé le triathlon en 1988 donc ça va faire rire certains qui n’étaient peut-être pas nés à cette époque-là. J’ai commencé les Ironman en 2003. Après en termes de background j’ai toujours fait du sport depuis gamin, un petit peu de tout : de l‘athlétisme, du rugby, du handball, j’étais pendant pas mal d’années gardien de but au foot j’étais déjà dans une position dans l’équipe un peu particulière parce que j’étais pas joueur de champ j’étais gardien de but, et puis après j’ai fait quelques années de squash jusqu’en 2e série. Donc un niveau pas trop mal.

Olivier : Tu étais gardien de but donc en général ils courent pas des masses, je crois que c’est celui qui court le moins dans l’équipe. C’est étonnant que le gardien de but devienne triathlète et Ironman , t’aimais pas courir à l’époque ?

Philippe : Non non, j’ai toujours été très sportif mais je dirais que mes qualités physiques étaient certainement plus adaptées à celles de gardien de but, avec des spécificités un petit peu de détente, d’agilité qui me caractérisaient un petit peu quoi. Mais non j’ai toujours couru, j’ai toujours été très sportif. Pourquoi je suis venu au triathlon en fait, alors je suis un peu de la vieille génération on va dire du début du triathlon, je suis tombé un jour sur une vidéo d’Hawaï où on voit une fameuse triathlète qui était l’épouse de Mark Allen qui finit à quatre pattes le triathlon d’Hawaï et qui finit en tête et qui finit 2nde, elle se fait doubler à quelques mètres de l’arrivée et donc je me suis dit « ça c’est un truc incroyable ». Je connaissais pas du tout le triathlon, je faisais pas de vélo, je nageais pas, donc c’était un petit peu au fond de ma tête je me suis dit « un jour il faudra que je le fasse » et j’ai fait mon premier triathlon en 1988 ici à Toulouse. Un voisin m’avait prêté son vélo, j’avais un casque à boudin donc c’était vraiment la première course. Je crois que je devais sortir avant dernier de l’eau, bon comme je courrais pas mal j’avais pas mal remonté mais c’était mon premier triathlon, en 89 j’ai fait, comme ça s’appelait à l’époque, des promotions. C’est un petit peu les découvertes, je crois qu’aujourd’hui c’était les championnats de France de distance olympique à Toulouse, il y avait je crois que c’était Serge Lecrique ou Philippe Méthion qui avait gagné à cette époque-là, il y avait les frères Sanson qui sont assez connu qui était de gros nageurs à l’époque. Benjamin Sanson qui organise aujourd’hui le Frenchman, c’était cette époque de triathlon assez sympa avec des tenues un peu bariolées, des vélos incroyables donc c’est un petit peu mon début. J’ai vraiment commencé en 1992 quand j’ai arrêté le squash, j’avais commencé à avoir un boulot un peu plus compliqué avec pas mal de déplacements et ça devenait difficile d’avoir un sport avec des horaires précises. C’est dans les années 91/92 où j’ai décidé d’arrêter le squash et d’essayer de me mettre un petit peu au triathlon. 

Olivier : Et donc du coup en termes d’intensité et de volume, parce que j’imagine que tu faisais pas autant d’heures d’entraînement dans le squash et dans le triathlon, où c’était le cas ?

Philippe : Alors, il y avait pas mal d’entraînement physique : course à pied, PPG, parce que c’est quand même un sport assez dur le squash, très cardio, donc ça demandait quand même un entraînement assez poussé physique. Mais oui en termes d’entraînement c’est sûr que c’est beaucoup plus faible.

Ermanno : D’après ce que tu dis c’était plutôt du squash de haut niveau ou en tout cas de manière assez sérieuse, mais j’ai quelques amis qui font du squash et bon pour eux c’est plutôt le sport un peu facile parce que c’est un sport assez urbain, on trouve une salle assez facilement, c’est le truc à faire entre amis comme ça de temps en temps.

Philippe : C’est un sport très technique puisque c’est un sport de raquette. Où on s’amuse très rapidement du moment qu’on prend la bonne balle, parce qu’il a des balles avec une dureté qui sont plus difficiles, mais on peut s’amuser rapidement un peu comme au tennis mais dès qu’on arrive à bon niveau ça devient très technique et très physique. Beaucoup d’entraînement aussi technique, c’est un sport d’automatisme aussi, en termes de frappe de balle qui demande beaucoup d’entraînement.

Ermanno : Par rapport à tes débuts justement, Olivier toi tu connais pas, tu étais pas encore né et moi je commençais à peine à découvrir ce que c’était que le sport, j’avais 8 ans en 88. Malgré tout ça reste la belle époque, comment est-ce qu’on vivait le triathlon à cette époque-là ? Parce que je sais pas si tu connais le site Triclair qui propose quelques vidéos en replay pour ainsi dire, on voit bien que les premiers triathlon surtout en France 87-88-89, 89 d’ailleurs quand il y avait les championnats du monde d’Avignon c’était un autre monde : d’autres matériels ; d’autres techniques, est-ce que les entraînements c’étaient aussi poussés que ce qu’on peut faire maintenant ?

Philippe : Je pense qu’il y a plus d’homogénéité maintenant, c’est-à-dire à la fois les amateurs, on voit de tout le monde aujourd’hui a du bon matériel, les parcs à vélo sont globalement à 80 % avec du bon matériel. À l’époque c’était très disparate, il y avait le haut niveau avec vraiment beaucoup d’expérimentation de matériel, on voyait des trucs un petit peu nouveaux, des guidons assez particuliers, et après il y avait 80 % de gens qui avaient des vélos de course.

Ermanno : Le vieux Peugeot à papi en acier c’est ça ?

Philippe : Voilà tout à fait, bon les pédales automatiques aussi c’est pareil c’est arrivé un peu plus tard puisqu’aux époques de Greg Lemond, je crois que c’est dans les années 88-90. Mais c’était quand même le début du matériel, on sentait que le triathlon était quand même un peu précurseur, que ce soit pour les tenues, parce qu’il y avait des tenues improbables, des trucs un peu bariolés, on courait tous en slip et en cinglé hyper court mais il y avait quand même ce côté fun. C’est un truc que j’aimais bien en fait, on a un petit peu perdu ça parce que ça c’est professionnalisé mais il y avait un côté fun, un côté un petit peu aventure, un petit peu exploit, c’étaient une ambiance un peu particulière qu’on retrouvait dans les parcs à vélo, qu’on retrouve un petit peu moins aujourd’hui, et puis en termes d’entraînement c’est clair que c’était pas… Personnellement hein, je suis pas sportif de haut niveau loin de là mais les méthodes d’entraînement ont énormément évolué et même moi personnellement j’ai beaucoup évolué. J’étais toujours à fond toute l’année, j’étais champion du monde d’entraînement et puis quand j’arrivais sur les courses j’étais toujours crevé, j’avais toujours des grosses défaillances, et je pense que les techniques d’entraînement ont énormément évolué quoi. Je crois que plus je vieillis moins je m’entraîne en fait et mes performances ne diminuent pas vraiment quoi donc c’est vraiment un changement d’approche assez fort. 

Ermanno : C’est super intéressant ce tu nous dis là on pourra certainement y revenir un petit peu plus tard dans la conduite de cet épisode. Donc tu nous as dit 56 ans : directeur général d’une division de chez Safran, pas mal de boulot quand même, un beau parcours où tu découvres le triathlon en 88, tu découvres l’Ironman on tu nous as dit en 2003 ?

Philippe : J’avais fait en 1995 les championnats du monde à Nice qui étaient sur le format longue distance : 4 km en natation, 120 km à vélo et 30 à pied. Je crois que c’est Simon Whitfield qui gagne, je sais pas si on se rappelle de lui. Il a été très fort en distance olympique et également en longue distance, un petit peu moins à Hawaï parce qu’il a pas très bien réussi, et je crois que le deuxième est Van Lierde qui a été deux fois vainqueur à Hawaï il y a quelques années. Donc c’était ce que j’avais fait en 95, c’est ma première course longue distance je dirais à Nice, après j’ai une petite coupure de course puisque j’ai changé de job je suis parti du côté de Tour, je voyageais énormément à travers le monde et j’ai un peu lâché la compétition. Je m’entraînais toujours mais j’ai repris vraiment sérieusement en 2003 avec l’Ironman de Zurich, comme ça je commençais vraiment à me focaliser sur ce type de distance. 

Ermanno : C’était justement ma question : qu’est-ce qu’on fait entre 88 et 95 où on monte progressivement en distance, 1995 format LD Français, donc pas forcément plus dur que les Ironman. Mais dans tout cas c’était sur les terres de l’Ironman de Nice actuel, puis après quelques années de pause avant de se lancer dans le bain de l’Ironman , qu’est-ce qui s’est passé dans ta tête de sportif ? Est-ce que c’était programmé ? Est-ce que c’était subi ? Tu l’as dit entre 1995 et 2003 tu as pas mal bougé, tu as changé de boulot donc c’était un petit peu plus compliqué à gérer, vers quoi tu t’entrainais en fait ? Est-ce que tu avais en ligne de mire un jour d’aller sur la distance Ironman  ?

Philippe : J’ai des qualités physiques d’endurance que je pense assez importantes avec beaucoup de récupérations parce que, on en parlera un peu plus tard mais il m’est arrivé de pouvoir faire quatre Ironman dans l’année et avec des performances qui, limite, s’améliorent au fil de l’année.

Ermanno : C’est la surcompensation ça.

Philippe : C’est ça, donc j’avais des qualités d’endurance. C’est vrai que j’aimais bien les efforts longs, et quand on coupe la compétition, on a tendance à s’entraîner finalement plus long et moins intensément. J’étais parti sur cette approche là un petit peu et je pense que les efforts courts étaient peut-être un peu moins bien fait pour moi. J’étais pas nageur à l’origine, j’ai commencé en même temps que le triathlon, alors ça pour les jeunes c’est incroyable parce qu’aujourd’hui la nouvelle génération ce sont des triathlètes, pas des nageurs, pas des cyclistes, pas les coureurs. Les nouvelles générations sont des triathlètes, c’est vraiment la grosse différence je pense des années actuelles et d’il y a 30 ans, on était pas triathlète en fait.

Ermanno : Oui t’es plutôt spécialisé dans un des sports et puis après on dérivait vers le triathlon.

Philippe : Oui voilà, donc moi j’étais plutôt coureur à pied après j’ai énormément progressé à vélo, et la natation a toujours été un petit peu difficile et sur des courtes distances c’est un petit peu irrémédiable. Pas mal de cyclo dans les années 1999-2001, j’ai fait de belles places dans des cyclo comme l’Ariégeoise et les choses comme ça donc je me suis dit « bon voilà c’est un sport qui me va bien », et finalement la natation (même si j’ai progressé je suis pas un gros nageur mais voilà) dans les années 2002-2003 je pouvais nager 3 km à peu près en 1h06 et 1h07 donc ce qui me permettait de pouvoir finalement faire une course pleine sur Ironman . Et puis voilà ce sont ces longues distances, ce cheminement un petit peu long sur une journée de te dire « voilà c’est une compétition assez longue, on a le temps de mettre en place une stratégie, de réfléchir, on a on a le temps de se rattraper aussi », ça ira sûrement distance olympique si on est pas bien si on si on a un problème technique c’est cuit quoi alors que sur longue distance il y a un peu ce cheminement, un petit peu de course qui me semblait intéressant quoi. 

Ermanno : Il y a vraiment deux mondes entre le court distance et la longue distance.

Philippe : Voilà, puis j’avais toujours ça en tête : ma course, cette vision de Ironman d’Hawaï, ce truc de je voulais faire un Ironman . Est-ce que je vais y arriver ? Est-ce que je vais le faire ? Et je vous cache pas qu’en 2003 déjà j’avais un petit peu dans un coin de la tête d’aller visiter Hawaï, je me disais bon un jour ou l’autre car il va falloir que j’y aille. Donc ça a été quand même un gros déclencheur.

Ermanno : Tu avais dans un coin de ta tête : monter sur la distance Ironman, et puis un petit peu plus loin mais quand même au fond du cerveau tu te dis « va falloir que j’aille voir les plages hawaïennes ».

Philippe : C’était quand même un truc que j’avais envie de faire parce qu’après, enfin depuis les années 90, j’étais comme tout le monde : scotché au mois d’octobre à regarder les lives et j’achetais « triathlète », « trimag ». Bon aujourd’hui avec la numérisation on les achète malheureusement plus ces bouquins mais…

Ermanno : Maintenant on a YouTube.

Philippe : J’avais tous mes petits bouquins triathlètes, ouais c’était un truc que j’avais envie d’essayer, d’atteindre cet objectif important. 

Olivier : Et à l’époque c’était quand ? Parce qu’aujourd’hui ça dépend un petit peu des milieux dans lesquels on est mais c’est vrai que pour la plupart des gens quand on dit « oui je fais l’Ironman » par exemple, on est parfois vu comme un extraterrestre, et pourtant aujourd’hui c’est quand même quelque chose qui devient de plus en plus courant. Je pense qu’il a de plus en plus de gens qui deviennent triathlètes depuis quelques années, c’est en grosse croissance. C’était comment à l’époque dans le début des années 2000 quand on disait « je fais un Ironman je veux me qualifier à Hawaï ». 

Philippe : C’est toujours un petit peu impressionnant, je pense que globalement même aujourd’hui les gens pensent que c’est toujours un effort incroyable et j’essaye de temporiser tout ça. Fin de minimiser, parce que comme je dis toujours : moi personnellement étant entraîné, faire un Ironman ce n’est pas dur quoi. Ce qui est dur c’est pour quelqu’un qui s’entraîne peu. Si vous allez aux États-Unis, et ça n’a pas changé, aux États-Unis aujourd’hui je pense qu’il y a 40 % des gens qui font un Ironman qui n’ont jamais fait d’Ironman ou qui n’ont jamais fait de triathlon. Il m’est arrivé il y a quelques années en 2007, en Arizona, j’étais à un quart d’heure avant de partir, on était en train de se changer et j’étais à côté d’un américain un peu costaud, qui avait peut-être un peu forci sur le sur McDonald’s et sur le coca, et il était en train de s’habiller ? Je mettais ma combi et je le voyais mettre sa combi à l’envers, la face lisse à l’intérieur, et je lui dis « je pense que tu t’es trompé de sens », il me dit « écoute ah ouais désolé c’est la première fois que je mets une combinaison c’est mon 1er triathlon ». Le gars faisait son premier triathlon et c’était un Ironman quoi.

Ermanno : Ouais mais c’est un autre monde les États-Unis, on est bien d’accord. 

Philippe : Voilà donc je pense que ça reste toujours impressionnant pour les gens. Le truc un peu particulier aussi dans mon milieu un peu industriel et du type de boulot de responsabilité que j’ai c’est très suspicieux en fait. Un gars qui fait mon job et qui fait du triathlon c’est pas normal quoi, c’est soit il bosse pas, soit il fait semblant en fait, c’est pas possible. Et c’est ça qui est un peu bizarre, on n’en parle pas trop quoi. Il y a des milliers professionnels ou c’est très à la mode c’est super que le patron fasse du sport et tout, moi je suis dans un milieu un peu ringard on va dire, le milieu industriel il est parfois un peu suspicieux, les gens trouvent bizarre qu’on puisse faire un Ironman en bossant 12h ou 13h par jour

Ermanno : Et encore plus quand on est parent, alors là on doit vraiment te prendre pour quelqu’un qui bosse pas tant que ça.

Philippe : En fait on a tendance à pas en parler dans son milieu professionnel. Alors le problème maintenant avec les réseaux sociaux, c’est difficile d’être un peu transparent quoi, donc les choses se savent mais j’essayais de pas en parler beaucoup dans mon milieu professionnel.

Ermanno : Tu sais que là c’est raté, là maintenant tu passes sur les ondes internationales, tout le monde va le savoir.

Philippe : Après j’ai une réputation aussi qui me suis même dans le groupe Safran je dirais que c’est sûr, c’est connu, bon voilà.

Ermanno : Je voulais revenir aussi avec toi sur les moments forts justement de ta vie de triathlète, peut-être qu’on va pouvoir passer en revue tes nombreuses courses, et je garde encore un petit peu secret le nombre d’Ironman que tu as déjà terminé. On a bien parlé justement de ta découverte du triathlon, de ton évolution dans le triathlon. Est-ce qu’il y a certains moments forts qui ont vraiment marqué cette vie, cette carrière de triathlète ? À commencer par le franchissement des étapes, tu l’as dit du long, en 1995, l’Ironman en 2003, est-ce qu’il y a eu des étapes vraiment marquantes ? Est-ce qu’il y a des faits qui te reviennent encore fortement en tête quand on parle de ton passé de triathlète ?

Philippe : Bon ça fait 2003, donc ça fait quand même 18 ans que je fais des Ironman , mais en fait je m’aperçois que chaque année il y a un truc un truc qui me fait avancer. J’ai 56 ans donc je sais pas du tout jusqu’où ça va me faire aller mais il y a quelque chose qui me fait avancer, c’est ça qui est super. Quand on commence les Ironman on a quand même des courses en tête, maintenant un peu moins mais à l’époque il y avait les Zofingen pour les duathlons, il y avait Lanzarote qui était une course un peu mythique, Embrun, des trucs comme ça quoi. Alors j’ai commencé par ça quand j’ai fait Zurich en 2003, en 2004 j’ai fait Lanzarote donc super souvenir, Bonvini le fantastique je l’ai fait 7 fois depuis. J’en parlerai parce que Lanzarote c’est à la fois une course qui m’a fait un peu découvrir le vrai triathlon, Zurich étant une course un peu germanique avec une certaine organisation, Lanzarote c’est vraiment l’essence un peu du triathlon. Et même aujourd’hui on retrouve encore le début du triathlon, c’est pas la grosse batterie allemande américaine avec le gros show, ça reste un truc encore un peu intimiste, intéressant quoi, une course dur où finalement les meilleurs triathlètes ne viennent parfois pas à Lanzarote pour éviter de subir une course dur. Donc Lanzarote était quand même un truc sympa et j’ai eu des supers souvenirs, comme j’ai eu de très mauvais souvenirs que je pourrai partager un peu plus tard. Donc Lanzarote en 2004 et la même année je vais faire Embrun, donc je me suis dit « allé je fais Lanzarote, je fais une belle course » et j’ai fait la même année Embrun qui était pareille. Une course fantastique, les chaises en plastique, le parc à vélo un peu rustique, et voilà j’ai terminé 75e à l’époque à l’Embrun, donc ce n’est pas exceptionnel mais c’était quand même un très bon souvenir. Je me rappelle d’être arrivé avec mes deux gamins dans les mains, ils avaient des stickers partout « allé papa ». À l’époque où on pouvait encore arriver avec les gamins dans les mains aux arrivés donc ça c’était c’est très sympa. Voilà donc une belle place à Embrun.

Ermanno : On le rappelle, Embrun c’est distance Ironman mais c’est pas le label Ironman , et c’est le 15 août ça c’est une date immuable. Lanzarote c’était plutôt quand ?

Philippe : Vers le 20 mai, c’est le weekend de l’Ascension, c’est toujours vers le 23 mai depuis des années, alors cette année ça a été le 3 juillet mais en principe c’est au mois de mai. 

Olivier : Et du coup c’est quand même deux parcours qui sont assez exigeants que ce soit au niveau du dénivelé ou au niveau du vent aussi un petit peu à Lanzarote. Est-ce que toi c’est un petit peu ta spécialité entre guillemets ou bien tu as fait un petit peu de tout ?

Philippe : J’ai fait de tout, c’est paradoxal, mais je préfère aujourd’hui les parcours roulants parce que mon vélo est quand même assez fort. Alors c’est assez particulier parce qu’à Lanzarote en fait n’est pas un parcours de grimpeur, on peut penser que Lanzarote est dur, que c’est montagneux mais c’est pas du tout ça, c’est vraiment un parcours de rouleur quoi. Il y a des gars qui ont gagné Lanzarote, il y a un Estonien assez fameux qui organise aujourd’hui l’Ironman d’Estonie, Annahar Johnson qui a gagné, qui faisait 1m90 à l’époque, il faisait peut-être 85 ou 90 kg quoi, donc c’est un parcours de rouleur, un parcours dur de rouleur, beaucoup de vent. Mais alors qu’Embrun on est beaucoup plus spécifique et beaucoup plus montagneux. J’aime bien les courses roulantes aussi je me fais plaisir quoi.

Ermanno : 2e année d’expérience sur Ironman , tu en enchaînes de 2 à 3 mois de d’écart, qu’est-ce que tu en ressors déjà de ce premier doublé après une première expérience ?

Philippe : C’est toujours les mêmes choses on va dire. La fin des courses à l’arrivée de dire « ah non plus jamais ça, c’est terminé Philippe » 

Ermanno : Ça, ça dure 6 sec en général.

Philippe : Ouais, alors ça dépend des courses mais c’est toujours dire « non, c’est trop dur, c’est vraiment très difficile ».

Olivier : En général c’est avant la ligne d’arrivée ça.

Philippe : Ouais. Mais finalement on commence à dire « qu’est-ce que j’ai pas bien fait, qu’est-ce que j’ai loupé, qu’est-ce qui qu’est-ce qui m’a manqué, est-ce que j’ai bien bu, est-ce que j’ai bien mangé, est-ce que j’ai fait ceci, est-ce que j’ai fait cela ? ». Donc on chemine et puis on se dit « ouais c’est vrai si j’avais fait ça, si j’avais si » donc on se re-projette et on se dit « bon voilà qu’est-ce que j’ai pas bien fait sur cette course-là, j’ai peut-être pas tout donné », donc voilà on se reproche tout de suite et puis l’envie reviens vite quoi en fait on se dit « voilà comment je peux améliorer ça », et ça vient assez rapidement.

Ermanno : Donc ça c’était pour le premier vrai moment fort dans ta carrière de triathlète longue distance, d’enchaîner ces deux-là après la première expérience en 2003. Tu as d’autres moments forts qui te reviennent comme ça ? Alors pas forcément sur distance Ironman mais vraiment des moments forts dans ton expérience, dans ta vie de triathlète.

Philippe : Alors oui je peux en parler. J’ai eu par exemple un gros accident à Lanzarote qui m’a énormément marqué, qui a marqué mon épouse aussi puisque depuis ce temps-là elle a du mal à me suivre sur les courses. Elle était sur le bord du parcours, elle a vu une ambulance passer avec mon vélo accroché derrière donc ça l’a un peu traumatisé. J’ai fait une grosse chute en fait dans la descente du mirador Del Rio qui est pratiquement la dernière montée à Lanzarote, j’ai failli perdre des doigts de la main : gros traumatisme. La grosse anecdote c’est que je devais démarrer un nouveau job une semaine après et mon nouveau job c’était prendra la direction générale d’une société d’une joint-venture entre Boeing et Safran au Maroc. Donc je passe la journée à l’hôpital, on me recoud et là je dis à ma femme « il faut qu’on rentre quoi, il faut que je rentre, dans une semaine je pars au Maroc ». Donc on est parti, on a loupé l’avion quand j’étais à l’hôpital, j’ai dû prendre un billet business pour pouvoir rentrer à Toulouse, on est passé par Madrid, je suis arrivé à Toulouse à 4h du matin et à 7h du matin j’étais au boulot la minerve et la main opérée, des pansements partout. Donc les gens me regardaient. Je suis quand même allé voir mon médecin qui m’a dit « bon ben Philippe il faut se faire opérer de la main, tu vas perdre des doigts il y a un souci, on t’a mal recousu », donc j’ai passé la nuit à l’hôpital. Le lendemain matin je suis reparti à midi, je suis sorti de l’hôpital pour aller bosser et le lundi suivant j’étais à Casablanca, devant ma nouvelle boîte avec le bras en écharpe et la minerve. C’est un souvenir qui restera puisqu’hyper condensé en 10 jours, j’ai fait mon Ironman que je n’ai pas terminé, j’ai terminé à l’hôpital, je manque de perdre mes doigts et je me retrouve à Casablanca tout seul dans ma chambre d’hôtel, j’allais démarrer mon job de directeur général d’une boîte de 700 personnes.

Olivier :  C’est bien, du coup toi qui voulais rester discret au niveau du triathlon c’était super.

Philippe : Alors j’ai pas dit ce qui était arrivé mais c’était assez étonnant de voir leur DG arriver avec un bras cassé.

Ermanno : Au sens propre comme au sens figuré pour le coup.

Philippe : J’en ai plein des anecdotes, je peux vous en raconter une autre aussi. Elle est assez récente, 2020, Covid. C’est difficile de faire des triathlons mais on continue à s’entraîner, à rester motivé. Et puis bon les choses s’éclaircissent un peu et je vois que l’Ironman de Cozumel a lieu. Je vois le 70.3 quelques mois avant, qu’ils font la course, et je me dis Philippe c’est pour toi. Et là malheureusement on peut pas quitter la France, on peut pas voyager à l’étranger, et je regarde quand même un petit peu ce que je peux faire : je suis directeur général d’une boîte ben je peux pas faire une déclaration comme quoi je peux voyager, donc là je regarde un petit peu ce que je peux faire pour aller faire l’Ironman de Cozumel en novembre 2020, le truc improbable quoi. Je suis parti de Toulouse jusqu’à Barcelone en voiture avec une déclaration comme quoi j’avais un rendez-vous à Barcelone pour le business, j’ai fait ensuite Barcelone à Madrid en avion, Madrid – Mexico, Mexico-Cancun, et me voilà à Cancun pour prendre le bateau pour aller à Cozumel. Et par manque de bol, je suis arrivé à Cozumel la semaine où il y a eu un gros ouragan sur toute la zone Amérique du Sud et la péninsule de Utah avec les restes de l’ouragan. Impossible de traverser entre Puerto del Carmen et Cozumel donc je devais prendre un petit ferry. Je passe la nuit de plus à l’hôtel et là c’était à 2-3 jours de la course. Je loue une voiture et j’essaie de prendre un gros ferry pour traverser, les ferry bloqués je suis resté 48 heures sur le parking. On était 800 voitures à peu près, 48 heures sur le parking, donc j’ai dormi 2 jours avant l’Ironman dans ma voiture et là c’était tous les triathlètes qui essayaient de traverser, donc finalement on a traversé le vendredi juste 48 heures avant la course. J’avais un triathlète Argentin dans la voiture, on a chargé son vélo dans ma voiture, j’avais un Américain aussi qui voulait traverser donc j’avais un Américain et un Argentin. Je suis arrivé pratiquement la veille de la course et après avoir dormi dans ma bagnole, pas bu, pas mangé, enfin bon j’étais pas le seul mais voilà un truc encore improbable. On prépare toute l’année le parcours du combattant pour aller faire ses courses à 10000 km et bien voilà… Mais j’ai fait ma course, ça a été dur, ça a été compliqué, mais j’ai un souvenir de sortir de l’eau, monter sur mon vélo avec le sourire quoi, j’ai rigolé pendant 20 km je rigolais sur mon vélo en disant « Philippe tu es là, tu fais ton triathlon, tu fais ton Ironman , tu y es quoi ». C’était super quoi c’est une autre anecdote un petit peu conciliante. J’en ai une autre aussi en 2006 c’était pendant la coupe du monde de foot, je pars faire l’Ironman de Zurich où j’étais bien préparé. Pareil, la grosse faute de débutant la veille de la course je vais manger un kebab et j’ai été malade toute la nuit, impossible de m’alimenter pendant toute la course, je pouvais pas manger de gel c’était l’horreur j’ai dû abandonner au 125 km à vélo complètement épuisé. Donc des anecdotes j’en ai beaucoup, des marrantes et des moins marrantes.

Ermanno : Alors parmi ces anecdotes là je pense qu’on va pouvoir lever le voile, tu en as fait quelques un des Ironman justement, est-ce que tu peux revenir avec nous sur le chiffre exact ?

Philippe : Je vais être à mon 41e.

Ermanno : Est-ce qu’avec ça la Fédération Ironman délivre une médaille ou quelque chose ? Parce que tu as quand même lâché un petit peu de frais d’inscription.

Olivier : Un système d’abonnement ou quoi ?

Philippe : Alors c’est du business, j’ai pas fait que des courses Ironman , il y a quelques courses comme Barcelone qui a été challenge, Vichy qui a été dans le circuit challenge aussi, et c’est du business on reste dans un milieu très business avec des sociétés qui doivent faire de l’argent donc je veux dire il y a pas d’ambiguïté. Le triathlon reste un sport cher à tous les niveaux et de plus en plus cher, autant avant on pouvait le faire avec du matériel qui n’était pas cher, aujourd’hui c’est quand même du sport business donc ça reste très cher.

Olivier : Au-delà des avantages financiers ça pourrait être une reconnaissance quoi, non il n’y a pas ?

Philippe : Non pas vraiment non, il y a pas vraiment de reconnaissance. Ironman fait de la reconnaissance pour des gens qui ont fait pas mal d’Ironman et qui ont pas été qualifiés pour Hawaï par exemple. Si vous avez fait, je ne sais pas s’ils le font toujours mais, si vous aviez fait 12 Ironman sur le label Island il y avait la loterie, mais on pouvait être éligible à être qualifié pour Hawaii suivant dossier. Et ben comme je me suis qualifié je dirais naturellement, j’ai jamais eu ce truc-là quoi. Mais bon voilà en plus j’attends pas du tout de reconnaissance, pas du tout, je fais mon truc c’est ça qui est important, c’est comme ça tout doucement tu te qualifies naturellement par le jeu des slots.

Olivier : S’il y a quelqu’un qui bosse chez Ironman en ce moment qui nous écoute, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Ermanno : Alors justement tu l’as glissé comme ça rapidement, tu t’es qualifié pour Hawaï par le jeu des slots, est-ce qu’on peut revenir justement sur ta ou tes qualifs pour Hawaii. Quand est-ce que c’était, dans quelles conditions et qu’est-ce que tu en as ressorti ?

Philippe : J’ai raté ma qualif en 2005 ou 2006 à Florianópolis, je suis parti au Brésil et je rate pour 40 secondes c’est bête hein parce que 40 secondes c’est rien. Et c’était encore le mois de naissance, c’est-à-dire que moi je suis né en juin donc les qualifications c’était de juin à juin. Et en fait j’ai 40 ans cette année en 2005 et dans le nouveau système j’étais dans la catégorie 40-45 et j’aurais été qualifié parce que je termine deuxième je crois dans la catégorie. Mais en 35-39 je suis le dernier non qualifié et au roll down il y a 0 roll down donc je repars avec mes 40 secondes mais je sais que c’est possible, je sais qu’il ne me manque pas grand-chose. Et donc en 2007 je pars en famille, on a des amis qui habitent à Houston, passer 10 jours, je laisse ma famille à Houston et je prends mon petit vélo et je pars à Phoenix en Arizona en me disant « c’est l’année, c’était vraiment l’objectif de de me qualifier à l’Arizona ». Je fais pour moi une course exceptionnelle, je termine 90e je crois sur les 2300 au départ et je termine 11e de ma catégorie qui était dans une catégorie assez difficile puisque les 40-44 ans c’est là où on a pas mal de gars qui prerforment. Donc je fais une très belle course et je me qualifie au roll down puisqu’il y avait 10 places et je termine 11e, donc je suis le premier sur la liste et il y aura eu un seul roll down.

Ermanno : Donc c’est du bol.

Philippe : Oui c’est du bol, j’ai encore mon petit bout de papier, aujourd’hui ils donnent une médaille mais à l’époque ils donnaient un bout de papier signé par Ironman . Donc j’ai encore ce papier, c’est super aboutissement j’étais vraiment heureux et fier. Un truc à partager aussi en famille, avec ma femme c’était vraiment un très bon souvenir.

Olivier. : Et du coup l’Ironman d’Arizona est-ce que c’était stratégique pour toi ou c’est juste parce que tu voulais combiner ça avec un voyage en famille et que ça s’y prêtait bien vous aviez des amis dans le coin ?

Philippe : Alors on a toujours essayé de regarder des endroits sympas aussi pour faire les courses, et là on avait des amis qui habitaient Houston qui travaillent dans le pétrole, et puis j’avais dit « on va essayer de combiner ça ». Ça a toujours été un peu notre leitmotiv d’aller dans des endroits un peu sympas dans le monde, au Brésil, au Canada…

Olivier : Ouais ils sont bons pour ça Ironman .

Philippe : C’est ça et puis je roulais pas mal assez fort à vélo, c’est un parcours assez roulant. J’avais fait une course assez pleine : bon vélo, bon marathon, j’avais fait 3h35 un truc comme ça sur le marathon donc j’avais fait une course pleine ça correspondait un peu à mes qualités aussi de rouleur/coureur. Donc 2007 oui, et je me suis qualifié quelques années après.

Ermanno : Alors justement sur cette première qualif rappelle-nous l’Ironman d’Arizona à quelle époque c’est, sachant que c’est la deuxième quinzaine d’octobre ?

Philippe : C’était au mois d’avril, maintenant c’est au mois de novembre je crois l’Arizona, à l’époque c’était vers le 17 avril.

Ermanno : L’année où tu t’es qualifié c’était l’année où tu allais à Hawaï ?

Philippe : Tout à fait ouais. Donc là j’ai été raisonnable j’en ai pas fait un autre entre les deux, j’ai quand même essayé de préparer au mieux cette course. Bon je savais que c’était dur ça je connaissais pas trop mais j’avais lu des comptes rendus donc j’avais essayé de préparer au mieux la course. Une natation sans combinaison pour un non-nageur, c’est terrible Hawaï. Se dire « nager 3 km sans combinaison », il y avait quand même une certaine appréhension. Je m’étais dit « quitte à y aller, je voudrais quand même faire une course assez pleine ».

Olivier : Tu parlais tout à l’heure de ton coach qui s’arrachait les cheveux pour l’Ironman où tu es resté dans ta voiture, c’est qui ton coach ? Est-ce que tu en a un qui t’a suivi sur toute ta carrière sportive pour l’instant ou bien tu as changé, tu te coachs un peu toi-même ?

Philippe : Au début je m’entrainais un petit peu tout seul ou je regardais les plans un peu diffusés sur les revus en fait, j’ai eu vraiment 2 coachs et ils m’ont fait chacun progresser de façon différente. Je dirais le 1er qui m’a fait bien progresser avec qui j’ai eu une qualif aussi à Hawaii c’est Grégory Bouttier, je sais pas si ça vous dit quelque chose, qui a été un triathlète professionnel français, qui a fait de très belles places. Donc j’étais 3-4 ans avec lui, j’ai arrêté et là depuis 2019 c’est Nicolas Aimé qui me coach. J’ai évolué aussi dans mon approche vis-à-vis du sport et vis-à-vis du triathlon, il a une approche aussi qui est très intéressante : pas simplement sportive, aussi sur l’environnement je dirais psychologique d’approche du sport. Le courant est bien passé, ça me permet de continuer à évoluer, je vais pas dire à progresser mais pas régresser, parce que j’ai 56 ans. Finalement je pense que je ne régresse pas encore.

Ermanno : C’est une progression en fait de ne pas régresser avec l’âge.

Philippe : Tout à fait, toutes mes données un petit peu physiologiques de Watt ne déclinent pas. C’est un message d’espoir on va dire pour les jeunes et une approche un peu plus scientifique et un peu plus structurée qui moi m’apporte beaucoup en ce moment. Donc hyper important d’avoir un coach surtout avec un boulot qui a été compliqué.

Olivier : Du coup justement on y vient, c’étaient tes coachs on va dire qui étaient peut-être plus orienté préparation physique voir un petit peu mental aussi. Est-ce qu’ils t’accompagnaient aussi dans la manière d’appréhender les entraînements par rapport à ton travail, comment est-ce que tu as inséré ça dans ta carrière professionnelle ? C’est des choses aussi sur lesquelles tu es accompagné ou bien là c’est vraiment toi qui t’es organisé tout seul comme un grand ?

Philippe : Je pense que pour un coach c’est très difficile de coacher quelqu’un comme moi finalement parce que l’emploi du temps est très compliqué. Je vais vous donner une idée, pendant la période Covid en 2020, j’ai pris je crois 128 fois l’avion pendant les dernières années entre 2018 et 2020, ma femme était à Toulouse, j’étais à Paris, donc tu avais 4 sites dans le monde, et je travaille 12/13 heures par semaine.

Olivier : Tu veux dire par jour non ?

Ermanno : C’est ça le secret !

Philippe : Oui, oui par jour ! Le lundi matin je me levais à 4h30 pour prendre l’avion de 6h pour aller à Paris donc c’est compliqué. C’est vraiment de donner ses disponibilités et puis après c’est vraiment à moi de respecter ma rigueur, vraiment les plages d’entraînement, d’essayer de caler au mieux ces moments. Non mais c’est vrai que c’est compliqué pour un coach, parce qu’on a pas beaucoup de temps de récupération, on dort pas beaucoup, il y a beaucoup de voyages, donc tout ça c’est compliqué quoi. Je suis peut-être pas le bon exemple je dirais de planification de l’entraînement et de récupération de sommeil, de nutrition, mais il y a un côté un petit peu aussi intéressant. C’est-à-dire qu’on peut le faire, avec un peu d’organisation, un environnement familial qui est quand même porteur qui est favorable, avec une volonté, un peu de rigueur, un peu de résilience on peut arriver à faire les deux. Après les deux sont très complémentaires, je veux dire quand on passe 2 heures dans une réunion avec les États-Unis jusqu’à 10h du soir, on a quand même cette résilience, cette habitude d’être dans des efforts un petit peu longs et je pense que ça me sert beaucoup aussi dans mon travail c’est indéniable.

Olivier : En moyenne ça représente combien d’heures d’entraînement sur la semaine combinée avec les 12 heures par jour ?

Philippe : Ça va surprendre et peut-être décevoir puisque le triathlète de base aime s’entraîner beaucoup. En fait je m’entraîne en moyenne sur l’année 13h à peu près par semaine, alors il y a des semaines ou ça monte beaucoup plus, soit des stages soit des périodes où je suis en vacances ou je vais quand même beaucoup plus m’entraîner, je peux faire des semaines à 25h par exemple quand je suis en vacances. Mais après c’est 13h par semaine et une grosse partie très concentrée sur le weekend, puisque c’est là où je peux m’entraîner un peu plus, je ne peux pas faire de vélo le soir, c’est impossible.

Ermanno : En même temps 2020 tu n’avais pas trop le choix.

Philippe : Donc on a essayé de caler depuis quelques temps des séances un peu qualitatives et ça me fait du bien depuis 1 an et demi/2 ans quoi ça me permet un peu de rattraper le manque de charge que j’ai. Donc je suis un peu limité par la charge d’entraînement c’est ça qui m’embête un peu que ça soit la musculairement, il y a des séances d’endurance que je peux pas faire parce que j’ai pas le temps donc ça peut me limiter musculairement par exemple sur le marathon.

Olivier : Ouais en même temps à 13h en moyenne par semaine pour un triathlète amateur c’est déjà pas mal.

Ermanno : Et puis surtout tu as 30 ans d’expérience derrière.

Philippe : Oui mais ça va vite les sorties vélo et quand ce sont des sorties vélos un peu longues il faut quand même rouler un petit peu. L’entraînement sur longue distance c’est beaucoup d’endurance fondamentale, on parle de Z2, de faible cadence, c’est beaucoup d’entraînement à basse intensité a contrario sur du DO où on est un peu plus sur des intensités fortes, une grosse partie d’entraînement est quand même sur des intensités relativement faibles voire très faibles. Mais ça prend du temps, c’est ça qui est intéressant c’est cette approche de l’entraînement et le fait de pouvoir continuer à s’améliorer malgré l’âge. J’ai fait mes meilleurs temps, par exemple vélo j’ai fait 4 heures 54 sur 180 km à 48 ans, j’ai fait moins de 10h40 à 48-49 ans que j’avais jamais fait avant donc on peut continuer à progresser tout en se spécialisant un peu plus dans cet entraînement.

Olivier : Là-dedans j’imagine qu’il faut que tu fasses des sacrifices aussi ? Ça fait partie un peu de la vie du triathlète, surtout d’un triathlète qui est DG et qui a un emploi du temps comme le tien, c’est quoi les sacrifices que tu fais ?

Philippe : Alors, il n’y a aucun sacrifice, si je faisais des sacrifices j’arrêterais le triathlon. C’est difficile, on ne peut pas parler de sacrifice. Je vais parler un petit plus intimement mais dire j’aurais fait les sacrifices, j’aurais sacrifié ma vie de famille, j’aurais sacrifié mes enfants, je vais sacrifier la vie avec ma femme, donc c’est pas du tout ça. Par contre j’optimise au maximum mon temps, je regarde pas la télé, je lis les news dans l’avion, c’est vraiment une question d’optimisation et j’essaye au maximum d’effectivement pas voir une obligation ou de sacrifice. Je crois que ça c’est très important pour pouvoir être bien dans ses baskets tout le temps même au boulot, et c’est vrai que c’est très difficile parce que ça demande beaucoup de contraintes de temps, d’organisation. Comme je dis souvent à mon coach : « quand j’arrêterai le triathlon il y a un truc qui qui s’arrêtera avec : c’est le cette sensation d’être minuter », par rapport à quelqu’un qui a peut-être un job un peu plus tranquille à celui qui travaille un peu moins. C’est-à-dire que quand je me lève à 5h du matin pour faire une séance de course à pied je sais qu’il faut que je me lève à 5h, qu’à 5h10 je parte courir, j’arrive à 6h, à 6h je sais que je vais déjeuner et que à 7h30 j’ai une réunion qui va commencer. Je sais que tout est timé, et le soir c’est pareil. C’est pas du sacrifice, je pense que c’est une question d’organisation, il faut un support familial qui est super important aussi, ça c’est primordial.

Olivier : C’est sûre que le support familial c’est quelque chose d’indispensable. Je pense que ça dépend d’où est-ce qu’on met le curseur du sacrifice, mais au final je pense que tu l’as dit aussi tout à l’heure ce n’est pas l’idéal en termes de récupération, tu sacrifies peut-être un petit peu de temps de récupération. Il y a peut-être d’autres choses aussi qui pourraient être un sacrifice pour d’autres personnes qui ne le sont peut-être pas nécessairement pour toi. Je ne sais pas si ça peut être un dîner avec les amis ou autre chose tu vois, on a tous décidé d’investir le temps d’une manière ou d’une autre et donc ils pourraient être des sacrifices mais que toi tu ne considères pas ça comme ça.

Philippe : Par rapport au triathlon et au sport en général je pense que le triathlon est pas vraiment un objectif pour moi de course, de faire des courses, de faire des performances, c’est plus c’est plus devenu au fil des temps une façon de vivre un petit peu, un mode de vie qui rythme un peu ma vie perso et ma vie professionnelle donc c’est devenu une routine un peu qui est nécessaire à mon équilibre.

Ermanno : Et est-ce qu’au bureau quand tu as une réunion avec l’équipe de Washington tu dis « non je suis désolé je peux pas j’ai piscine ce soir » ou au contraire tu vas essayer de balancer ?

Philippe : Non alors par contre je me tiens à la rigueur que je me donne au sport, elle se retranscrit au travail. Quand je demande à mes équipes une réunion qui dure 1h elle dure 1h quoi, cette rigueur et cette organisation c’est un peu difficile parfois pour les collaborateurs de suivre ce rythme-là mais c’est aussi ce qu’on applique un petit peu dans le sport, on applique certaines choses aussi dans le travail. 

Ermanno : Et inversement, c’est ce qu’on disait aussi.

Philippe : Exactement, en termes de préparation aussi c’est exactement la même.

Olivier : Quand tu as justement cet agenda qui est minuté : tu pars le matin, tu vas t’entraîner, puis le petit déj’ et la réunion, c’est vraiment à la minute près. Est-ce qu’il y a un peu un sentiment de stress « bon il faut que je me dépêche je suis un peu à la bourre » tout ça, ou alors c’est vraiment devenu un automatisme et tu es hyper relâché et très tranquille avec ça ?

Philippe : Alors il faut créer ses automatismes, il faut essayer de s’enlever des contraintes matérielles, c’est-à-dire par des routines un peu habituelles qui nous permettent de nous faciliter de faire la séance et de préparer la séance. Effectivement si tous les jours il faut que je fasse attention, il faut que je mette ma combi’ parce que je vais aller nager en lac tel jour… donc je sais que j’ai toujours dans ma voiture un sac avec des running, un sac avec mes équipements piscine, donc c’est aussi la routine et cette préparation qui peuvent me permettre d’enlever cette contrainte un peu d’y penser tout le temps. Donc voilà on part sur des automatismes qui permettent de faciliter aussi la pratique c’est important. 

Ermanno : Le bon vieux tuyau des affaires de sport qui sont prêtes à la veille au soir pour que le matin tu te lèves tu sautes dedans et tu ne te poses pas la question « j’y vais j’y ? J’y vais pas ? Il fait beau ? Il fait pas beau ? » ça fait partie de la routine.

Philippe : Oui tout à fait, c’est comme se lever très tôt le matin pour aller courir, il faut pas te poser la question « Si je vais ? Si je n’y vais pas ? » donc c’est : le réveil sonne, on y va quoi. Après c’est vrai que le plaisir du post séance, d’arriver au travail en forme très détendue avec un esprit très ouvert et très aiguisé en termes physique est en termes psychologique, c’est super. Ce sont des choses qu’on fait petit à petit avec expérience, c’est-à-dire que je dors pas beaucoup je peux arriver à dormir 5/6 heure par jour sans aucun problème avec une bonne récupération et je peux m’endormir dans un avion pendant 10 minutes tout de suite, ce qui me permet de récupérer aussi beaucoup plus vite. Avoir ces petits moments aussi ça demande un peu d’entraînement mais de pouvoir s’endormir très rapidement sur des périodes très courtes qui permettent de bien récupérer.

Olivier : Par rapport à ce que tu disais, tu es arrivé avec un esprit ouvert, aiguisé au moment de commencer ta journée parce que justement à l’aube, je pense qu’on est tous d’accord, il y a énormément de bienfait dans la vie pro. Est-ce que c’est quelque chose que tu recommandes à certains de tes collaborateurs par exemple ou bien au contraire « non moi je préfère entre les deux j’essaie d’être plutôt discret » ?

Philippe : Alors pour revenir un petit peu à ma réflexion sur poster ou pas poster mon petit mot sur LinkedIn, finalement je m’aperçois qu’il y a beaucoup de gens qui osent pas en parler ou qui osent pas venir vers moi pour ça, et c’est vrai que depuis que j’ai posté les gens le savent. Finalement il y a beaucoup de gens qui sont demandeurs de comment je fais, comment j’y arrive, des conseils, et c’est super quoi. J’aimerais pousser et je pousse bien sûr tout le monde à faire du sport. Bon tout le monde peut pas faire du sport avec cette même fréquence c’est sûr. Je pense que c’est important, c’est des choses dont j’essaie de parler à mes collaborateurs. C’est important et les gens sont de plus en plus ouverts à cette discussion et si je peux apporter des aides, donner des motivations , je crois que ça fait partie aussi de mon job quoi et j’aimerais le faire plus souvent et j’aimerais que mon milieu professionnel soit plus, entre parenthèses, tolérant sur ça quoi. Je pense que la place du sport, même dans l’entreprise, est super importante et permet d’avoir un bien-être aussi au travail et surtout à mon niveau où je peux vous assurer que certaines personnes qui font mon job ont une condition physique je pense ça les aiderait parfois à être un peu plus performant aussi à leur niveau quoi.

Olivier : C’est clair. Surtout quand on sait que la sédentarité est quand même la première cause de décès en Europe. C’est un enjeu au niveau sociétal et au niveau professionnel.

Philippe : J’ai fait pas mal de pays parce que j’ai travaillé pas mal d’années à l’étranger au Maroc, à Londres, dans différents pays, et je pense que toutes les places, tous les endroits au monde sont bons pour le sport, et on s’aperçoit malheureusement que la France est un peu à la ramasse sur pas mal de choses. Pour vous donner une idée, quand j’étais à Londres je nageais tous les matins à 6h du matin, j’étais dans l’eau dans ma piscine. En France pour trouver une piscine ouverte à 6h du matin c’est juste impossible. Il y a plein de pays, le Maroc c’est pareil on peut dire que c’est un pays en voie de développement mais c’est faux je pouvais nager très tôt le matin. Il y a des conditions aussi qui sont là pour favoriser ça et c’est vrai qu’en France c’était très difficile, les piscines c’est compliqué. Dans les entreprises parfois c’est très compliqué quand j’étais au Maroc, même en patron je faisais pas mal de triathlon, il y avait un club de triathlon à Casablanca avec que des Marocains pratiquement, avec des patrons de banque, c’est vrai que c’était un peu plus démocratisé quoi. Il n’y avait pas de suspicion, les gens allaient faire de l’entraînement et il y avait aucun souci. En France on est encore un peu… il y a des progrès à faire. 

Olivier : J’ai travaillé moi aussi au Pérou, j’avais aussi cette impression quand j’étais dans un club, tous les autres étaient des gens qui avaient un certain statut on va dire socio-économique, là où en France c’est peut-être un petit peu plus accessible. Quand tu vas dans ces pays-là c’est beaucoup plus difficile. Acheter déjà tous les matériels, payer l’inscription à une course Ironman, etc. ça devient un petit peu du sport élitiste dans certains pays, je pense que ça fait aussi un peu la différence.

Philippe : C’est vrai mais après on peut faire des choses. Pour revenir avec quelques anecdotes ou quelques moments de vie liés au triathlon : je crois que c’est quand je suis arrivé au Maroc dans l’aprèm après l’accident de Lanzarote, c’était au mois d’août je crois. J’étais avec ma femme, on part à Rabat faire visiter la ville et je vois une petite affiche « premier triathlon de Rabat », et je dis à ma femme « c’est dingue ». J’avais repris, c’était le mois d’août ça faisait deux mois et demi, j’avais repris un peu l’entraînement, j’avais encore quelques soucis à la main mais ça allait j’avais repris l’entraînement. Et je dis « je vais faire ce 1er triathlon à Rabat, c’est pas possible quoi » et donc je m’inscris à ce triathlon de Rabat. Il y avait principalement que des Marocains donc c’était le truc enfant, j’étais avec mon vélo carbone, il a fait sensation c’était un truc de malade. Il y avait deux européens autres que moi, je me rappelle plus de son nom, c’est un triathlète français il est plus trop sur le circuit, ce mec était assez fort et il y avait aussi, vous devez le connaître, je crois que c’est Medic Essadiq. Il a représenté le Maroc cette année aux Jeux Olympiques et était au Racing Club de France, a été toubib et est docteur, il a fait du très haut niveau et les Jeux Olympiques encore cette année. Alors je pense qu’il doit avoir pas loin de 40 ans maintenant mais il est sorti bien en natation. Donc il était dans cette course, il a gagné d’ailleurs à l’époque. Donc je fais ce triathlon de Rabat, et je me gare, je sors mon vélo et à côté de moi il y a un gars qui descend de sa voiture, handicapé avec une jambe atrophiée sur le côté, il met son attelle et sa prothèse. On commence à discuter, un mec super sympa, il était avec son frère. C’est un ami et c’est quelqu’un d’exceptionnel, et je pense que ça peut être une bonne idée pour le podcast, il vit aux États-Unis maintenant du côté de Sacramento donc son nom c’est Mohamed Lana. Il a été 3e Jeux Olympiques Para triathlon à Rio, et on commence à discuter. Il me dit « bah ouais je fais mon premier triathlon », donc il avait son fauteuil roulant, avec qui on a sympathisé et avec qui j’ai roulé là-bas, j’ai prêté mon vélo, j’ai essayé de lui trouver des trucs. C’était pour revenir un petit peu au Maroc, on a aussi une responsabilité des fois dans ces pays d’aider les sportives, d’aider les gens qui n’ont pas trop les moyens. Et c’est un gars qui a fait des choses exceptionnelles et par exemple qui a fait l’Ironman de Zurich en 12 heures et quelques, donc il a fait le vélo normalement, il a fait le marathon avec des béquilles, il a fait la traversée de Gibraltar à la natation, il a fait le marathon des Sables. Il est exceptionnel quoi je ne sais pas si je lui ai donné la vocation mais c’est un gars que j’ai conseillé, que j’ai essayé d’aider, on s’est toujours gardé de vue et voilà c’est des petites choses qu’on fait aussi dans ces pays. Parce que tu disais c’est vrai que c’est réservé parfois à des élites dans ces pays-là, mais aussi on peut donner cette envie et aider certaines personnes dans ces pays-là à faire ce type de sport. C’est un Marocain qui est parti aux États-Unis, qui a obtenu la green card, qui est marié à une hawaïenne, qui a trois gamins et qui est un sportif accompli. C’est vraiment super, je suis fière de l’avoir un peu aidé à faire ça.

Ermanno : Une très belle histoire c’est assez sympa, puis on regardera le nom.

Philippe : C’est très sympa et c’est un gars qui, je pense, peut donner beaucoup d’humilité, une dimension humaine assez forte quoi dans notre sport

Olivier : C’est vrai que c’est intéressant et c’est un bon sujet aussi peut-être pour tout doucement clôturer l’épisode. C’est vrai que c’est quelque chose qui est très important je pense quand on est dans le triathlon parce que c’est vrai qu’on peut avoir tendance parfois à dire « bah voilà j’atteins un niveau de conditions dans plusieurs sports et je parviens à lier ça avec ma carrière professionnelle de haut niveau etc » donc voilà on est vu un petit peu comme des surhommes entre guillemets. Comment garder finalement cette humilité ? On a l’impression que tu es quelqu’un de tout à fait normal, père de famille, qui est qui est très humble, est-ce que c’est quelque chose que tu travailles particulièrement, ça fait partie de ta personnalité, tu as toujours été comme ça ?

Philippe : On va philosopher un petit peu mais je pense que c’est toute une histoire un petit peu de vie quoi, personne n’est pareil mais je veux dire que la vie finalement est un tout, elle s’appuie sur une famille, des origines, sur une vie professionnelle, donc tout ça c’est très lié. Donc tout est complémentaire, c’est-à-dire que quand on prend les décisions personnelles elles se retranscrivent sur sa vie professionnelle, sur pas mal de choses, donc voilà c’est un tout. Oui il faut rester humble c’est important, et je pense que quand on fait du sport disons difficile ou fin des choses difficiles, il faut garder toujours en tête sa performance propre. Quand je dis performance c’est-à-dire pas la meilleure performance, c’est la performance pour soi, c’est-à-dire un peu ce que je voulais dire dans le poste sur LinkedIn. Je voulais pas mettre en avant ma performance sportive, j’ai pas terminé 1er, j’ai accompli une course pleine qui m’a permis d’apprécier tous les cheminements que j’avais mis en place pour faire cette course, de prendre du plaisir et d’apprécier ce moment-là. C’est ça qui est important, performer ce n’est pas être le meilleur de quelque chose, c’est de vraiment arriver à faire ce qu’on a prévu de faire mais à son niveau quoi. Dans mon métier c’est pareil je ne serai jamais président de safran, je ne suis pas polytechnicien. Je sais très bien qu’il y a des choses qui n’arriveront pas mais on peut se fixer un objectif si on met tout en œuvre pour l’atteindre et tout en restant aussi humble. Et même quand on est directeur général d’une société, je veux dire, on travaille avec beaucoup de gens il faut embarquer tout le monde, et si on n’a pas un peu d’humilité, un peu d’empathie avec les gens, essayer de fixer les objets qui soient assez smart on n’y arrive pas quoi. 

Ermanno : Donc en guise de conclusion je voulais revenir sur une chose que tu as dit tout à l’heure. Tu as dit que quand on parlait d’organisation de vie pour toi quand tu arrêteras le triathlon tu auras plus l’impression d’être chronométré, est-ce que ça veut dire que tu envisages d’arrêter le triathlon avant d’arrêter ta carrière professionnelle ? Alors 56 ans, malgré les débats actuels en France, tu es quand même beaucoup plus près de la retraite qu’un début de carrière, tu envisages d’arrêter le tri’ avant le boulot ?

Philippe : Alors le triathlon j’ai dû l’arrêter à peu près 41 fois.

Ermanno : Haha, oui au moment où tu passes la ligne de l’Ironman . Bon 39 parce que tu n’as pas fini.

Philippe : Donc j’avais arrêté plein de fois, ça va faire rire pas mal de gens qui me connaissent puisque j’ai souvent dit que c’était mon dernier que j’arrêtais que ça suffisait que je ne pouvais pas faire tout ce que je devais faire, que ça devenait trop compliqué. Bon j’avoue que c’est difficile, j’ai même mon épouse qui voudrait que j’arrête et que je mette un peu pédale douce là-dessus. Je crois que c’est un truc que j’ai en moi, c’est un truc dont j’ai besoin, que j’ai envie, j’ai dit à mon coach que j’aimerais bien gagner Hawaï un jour donc ça sera à 65 ans, à 70 ans, je ne sais pas mais il faut que j’y arrive quoi. Donc on va tout faire pour. Alors je suis en plus dans une catégorie d’âge qui est hyper compétitive, si vous regardez la catégorie 55-59 aujourd’hui il y a de sacrés clients. Comme je disais à mon coach je crois qu’il y a une course cette année à Nice, le premier 55-59 fait un meilleur temps que le 50-54 et fait un meilleur temps que le 45-49.

Ermanno : Le problème c’est que ta catégorie d’âge, quand elle va changer celle des autres aussi va changer, en fait tu es dans la mauvaise génération. Il va juste falloir que tu attendes que tout le monde s’arrête.

Philippe : C’est une génération qui est très forte il y a quelques gars très forts.

Ermanno : Ça va se jouer à la longévité quoi c’est à celui qui va rester le plus longtemps.

Philippe : Nan mais plus sérieusement s’il ne m’arrive pas de pépin physique, on n’est jamais à l’abri de rien, mais c’est un truc que j’ai en moi et que j’ai envie de continuer. Pour terminer peut-être, parce que je n’ai pas parlé mais depuis 2020 on devait faire l’Ironman Lanzarote avec mon fils qui a des qualités je dirais 10 fois supérieures aux miennes, mais naturellement qui est un gamin très fort. Voilà c’était notre objectif de faire Lanzarote en 2020 on n’a pas pu le faire cette année ça a été encore repoussé il a pas pu venir au mois de juillet, mais donc on a prévu de faire Lanzarote en 2022 tous les deux et avec l’espoir, je sais pas si ça a déjà été fait, d’être père et fils et de pouvoir se qualifier pour avoir la même année sur la même course.

Ermanno : Bah écoute c’est le pire qu’on te souhaite, franchement ce serait un bel épilogue. Philippe, ce podcast s’appelle « devenir triathlète » et je voudrais inaugurer avec toi pour cette deuxième saison la question de fin du podcast. Toi qui as de la bouteille pour ainsi dire dans le triathlon, quel est selon toi le meilleur conseil que tu puisses donner à quelqu’un qui veut devenir triathlète ?

Philippe : J’ai pas réfléchi donc là tu me prends un peu de court. Le triathlon est un sport qui est vraiment très bien équilibré, qui est un sport à la fois porté à la fois voilà, donc c’est une combinaison de trois sports qui sont musculairement très harmonieux. À comparer un coureur à pied ou un nageur, c’est un sport très équilibré, et je pense que c’est un sport très moderne qui est très bien dans le moment quoi dans notre ère des années 2020, où il y a beaucoup de vélo, où il y a du sport nature. Donc c’est un sport qu’on peut faire partout, on peut même si le matériel coûte cher je pense qu’on peut le faire d’une manière assez simple aussi, également on peut nager en lac on peut courir en nature on peut faire du vélo, de différentes façons de vélo aujourd’hui. Il y a beaucoup de types de triathlon, on peut faire du X-Trail, c’est un sport finalement assez complet physiquement, et qui peut nous ouvrir sur beaucoup de choses : du vélo, du trail, de beaucoup de sport quoi. Il faut démocratiser, faire un triathlon c’est pas beaucoup plus difficile qu’un marathon, un marathon a toujours été beaucoup plus douloureux à récupérer qu’un triathlon. Faut pas avoir peur.

Ermanno : Marathon sec effectivement c’est plus difficile à rattraper. 

Philippe : Voilà donc je pense que c’est très fun, c’est un sport complet, très sympa, et qu’on peut faire assez simplement en fait.

Ermanno : Évidemment on mettra tous les liens pour te contacter dans les notes de cet épisode mais peut-être rapidement le meilleur moyen pour rentrer en contact avec toi si on est un employé de safran entre autre et qu’on souhaite poser une question à son DG pour savoir comment il a découvert le triathlon, comment est-ce qu’il a performer et comment est-ce qu’il évolue, pour en savoir un peu plus sur tout ce qu’on s’est raconté pendant cette heure ensemble, quel est le meilleur moyen ?

Philippe : LinkedIn c’est le meilleur moyen. Juste pour info le dernier post j’ai fait 53000 vues quoi avec des gens du monde entier, avec des gens parfois qui m’ont contacté personnellement, des partages, j’ai trouvé ça super sympa. Des jeunes triathlètes, des jeunes étudiants, des techniciens qui me disent « je suis étudiant Polytechnique, comment je peux faire pour faire comme vous faites au niveau du job et faire de l’Ironman  ? ». Et voilà c’est super moi je trouve que c’est super et si je peux donner quelques conseils en toute humilité ça me fera plaisir. Donc LinkedIn il n’y a pas de souci.

Olivier : Super, merci Philippe c’était passionnant. 

Philippe : Hé bah merci à vous pour votre implication dans le triathlon. Je pense que c’est important aussi que des personnes comme vous fassent et fassent l’effort de partager cette passion. 

Ermanno : Hé bah c’est effectivement l’essence même de notre média, c’est comment devenir triathlète et comment démocratiser tout ça. 

Philippe : Super merci beaucoup, merci à vous.

Ermanno : Merci d’avoir écouté cet épisode jusqu’au bout. N’oubliez pas de rejoindre notre groupe Facebook pour discuter avec les invités, commenter et poser vos questions, et Olivier et moi nous vous répondrons dans un prochain épisode. Bon weekend et à la semaine prochaine, salut les sportifs !


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co-fondateur du podcast et co-auteur du livre DEVENIR TRIATHLÈTE
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